LA VOIE DE L'ARC ET DE L'EPEE
DU ĐẠI-VIỆT
La Voie de l'Epée du Đại-Việt
Kiếm-Đạo Đại-Việt
大越劍道
En dehors de l'utilisation dans la guerre, l'Epée sert encore de symboles emblématiques :
1) - Symbole emblématique du pouvoir de la nation ; il s'agit-là de « la Précieuse Epée du Pouvoir Suprême - Phương Thượng Bảo Kiếm » (芳 上 寶 劍 ) que le Souverain offre à un grand mandarin pour lui conférer le droit de « Décapiter d'abord et Faire le rapport après - Tiền Trảm Hậu Tấu ».
2) - Symbole emblématique de la Dignité à la Cour ; il s'agit-là de l'Epée avec son fourreau, dont l'ornementation et l'inscrutation de pierres précieuses ainsi que d'or et d'argent diffèrent d'après la hiérarchie nobiliaire.
3) - Symbole emblématique dans la Société ; il s'agit-là de l'Epée des grandes familles de Lettrés.
4) - Symbole emblématique du Pouvoir Mystique dans la Magie ; il s'agit-là de l'Epée des Taoïstes ayant le pouvoir d'éliminer les Fantômes et d'immoler les Démons, de se rendre invisible, de décapiter à distance.
L'Epée de Sagesse (Shes Rabralgri).
- Bouddhisme du Vajrayana - Inde -
(Crédit Photo : exoticindiaart.com)
C'est précisément ces Symboles précités qui conduit l'utilisateur de l'Epée - « l'Homme d'Epée - Kiếm-Sĩ » - jusqu'au domaine de la « Conscience Spirituelle » afin de vivre l'expérience du concept de la Voie de l'Epée - Kiếm-Đạo.
Ainsi donc, l'Elève Martial en quête des études du Maniement de l'Epée (Kiếm-Pháp 劍 法) du Đại-Việt nécessite-t-il, en premier lieu, d'être enseigné par une personne s'étant d'ores et déjà entraînée à la Méthode de Concentration des Trois Joyaux "Energie de l'Essence Séminale Tinh - Energie du SouffleKhí - Energie de l'Esprit Thần" afin d'être éclairé sur la notion sur le Souffle de l'Epée (Kiếm-Khí 劍 氣).
Le principe d'action de l'Energie du Souffle de l'Epée (Kiếm-Khí - 劍 氣) dans « la Voie de lEpée du Đại-Việt ».est :
Accumuler l'Energie du Souffle et Condenser l'Energie de l'Esprit
permettent à l'Energie du Souffle de l'Epée de Prendre son Envol
« Súc-tích Khí, ngưng-đọng Thần, thì Kiếm-Khí vọt bay »
(Tụ Khí Ngưng Thần Kiếm-Khí Phi - 聚 氣 凝 神 劍 氣 飛).
- « Accumuler », signifie "Rassembler peu à peu pour devenir beaucoup plus", ce qui s'appelle « Tụ 聚 Accumuler».
- « Condenser », signifie "Concentrer un Fluide", ce qui s'appelle « Ngưng 凝 Condenser ».
Pourquoi l'Energie de l'Esprit Thần est-elle considérée comme un "Fluide " ? - Parce que l'Energie de l'Esprit Thần provient de la transformation de l'Energie du Souffle Khí qui est inhérent au "Fluide " aussi bien que l'Energie du Souffle Khí qui provient de la sublimation de l'Energie de l'Essence Séminale Tinh mais l'Energie de l'Essence Seminale Tinh prend naissance du "Liquide Rénal Thận-Thủy 腎水", lui-même inhérent au "Fluide ".
Comme ce qui a été dit précédemment, l'Art de l'Epée est nhérent au Souffle-Vital KHÍ, aussi le maniement de l'Epée fait-il usage le plus souvent du Prâna-Mûdra comme Mûdra d'Escrime et l'on utilise très rarement l'Apâna-Mûdra.
Etant donné que le Grand TAO mobilise toujours le « Prâna » - c'est-à-dire la Pure Energie du Souffle - pour nourrir et entretenir tous les êtres et les choses dans l'univers cosmique, dans le maniement de l'Epée demeure toujours cachée ainsi la part de spiritualité de la Voie de l'Epée à travers le Mûdra d'Energie du Souffle « Prâna-Mûdra » dans l'Escrime.
Geste Digital « Prâna Mûdra ».
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Geste Digital « Apâna Mûdra ».
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Par ailleurs, la Méthode du Maniement de l'Epée du Đại-Việt utilisant sur les Champs de Bataille n'employa pas ces deux Mudra cités précédemment mais fit usage du Pâtaka Mûdra, i.e. Sceau d'Etendard - Kỳ-Ấn 旗 印. Il est vrai que les Vieux Maîtres comme le Maître d'Epée Phi-Sơn Hải, le Grand-Maître Phạm-Thi, le Grand-Maître Ba-Phong, le Grand-Maître Lâm Ngọc Phú, ... ont tous employé régulièrement le « Pataka Mudra » dans leur Méthode du Maniement de l'Epée.
Ce « Pâtaka Mûdra », encore appelé le « Grand Sceau de la Main - Maha Hasta Mûdra (Đại-Ấn Chưởng), est souvent utilisé dans le Maniement des Armes d'Hast ( Pertuisane Mâu, Vouge Siêu-Đao, Hallebarde Kích... )
« Pâtaka Mûdra - Sceau d'Etendard »
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« Pâtaka Mûdra - Sceau d'Etendard - Kỳ-Ấn 旗 印 »,
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Considérations Matérielles
À l'Epoque des ĐƯỜNG (TANG 618~907 JC), l'art de la forge des Epées en Acier corroyé a atteint un niveau de perfection sans précédent et inégalée par la suite en Extrême-Orient, et élargit son influence à tous les pays limitrophes de même culture, c'est-à-dire le Japon, le Việt-Nam, la Corée et le Tibet.
Il a fallu attendre jusqu'à la Période Yoshino (14e siècle) au Japon pour que l'on puisse à nouveau forger des précieuses Epées comparables mais elles appartinrent à la Catégorie des Epées à Lame Courbe, c'est-à-dire des Sabres-Gươm, plus facile à forger et à tremper que celle des Epées à Lame Droite des ĐƯỜNG (TANG).
La caractéristique de l'Epée de l'Epoque de la Dynastie des ĐƯỜNG (TANG) consiste en une Lame droite à Simple Tranchant avec deux arêtes latérales - appelées Tích ((脊) en sino-vietnamien, Shinogi en japonais - se situant près du dos de la lame, c'est-à-dire loin du tranchant (cette Lame est appelée au Japon par "Shinogi Zukuri").
C'est pourquoi, la Lame de cette Epée des ĐƯỜNG (TANG) n'est pas aussi lourde que celle des TÙY (SUY) et devient alors plus maniable.
« Longue Epée » en Acier corroyé, à Simple Tranchant,
sous la Dynastie des ĐƯỜNG (TANG 618~907 JC),
ancêtre de l'Epée du JAPON appelée « Shinogi Zukuri Tachi »
et de l'Epée du ĐẠI-VIỆT à Pointe Relevée (Ikari no Kissaki Tsurugi).
(Crédit Photo : Thomas CHEN)
Dessin de la Longue Epée ĐẠI-VIỆT à Simple Tranchant, avec Pointe relevée |
« Longue Epée du ĐẠI-VIỆT », à Simple Tranchant, avec Pointe Relevée. |
Lames de « Double Epée Appariée en Acier » à Double Tranchant
et à Pointe Relevée (Câu-Kiếm-Phong 鉤 劍 鋒),
avec Ricasso en forme de " V ", spécifique du Đại-Việt.
(Crédit Photo : Bình-Định Sa-Long-Cương France)
Plus tard, sous la Dynastie des ĐƯỜNG (TANG) l'on a inventé une autre catégorie d'Epée Droite à Double Tranchant avec un Tranchant Inférieur (Hạ-nhận 下 刃) et un court Tranchant Supérieur (Thượng-Nhận 上 刃) ou Contre-Tranchant, situé près de la pointe de l'Epée, du côté du dos de la Lame.
« Longue Epée » avec Contre-Tranchant
sous la Dynastie des ĐƯỜNG (TANG 618~907 JC),
ancêtre des deux catégories d'Epée Japonaise appelées « Moroha Zukuri Tsurugi »
et « Kissaki Moroha Zukuri Tachi - "Kogarasu Maru - 小烏丸 Tiểu Ô-Hoàn - Petite Corneille" ».
(Crédit Photo : Thomas CHEN)
L'Epée Japonaise « Kissaki Moroha Zukuri Tachi - "Kogarasu Maru - 小烏丸 Tiểu Ô-Hoàn - Petite Corneille" » avec un long Tranchant Inférieur (Hạ-nhận 下 刃) et un court Tranchant Supérieur (Thượng-Nhận 上 刃) ou "Contre-Tranchant" en est une preuve éloquente de l'influence de l'Epée à Lame Droite avec Tranchant et Contre-Tranchant de l'Epoque de la Dynastie des ĐƯỜNG (TANG 618~907 JC).
Epée Japonaise (Sabre-Gươm) à Lame Courbe
« Kissaki Moroha Zukuri Tachi - "Kogarasu Maru - 小烏丸 Tiểu Ô-Hoàn - Petite Corneille" »
(Ce Sabre-Gươm ayant été appartenu à l'Empereur Kammu 781~ 806 JC)
Plus tard, cette catégorie d'Epée à Lame Courbe évolua vers le Sabre-Gươm ou Sabre-Đao, à simple tranchant. Elle fournit une preuve évidente de l'influence de l'Epée à Lame Droite avec Tranchant Unique de l'Epoque de la Dynastie des ĐƯỜNG (TANG 618~907 JC) et comprend deux sortes, celle à Deux-Mains et celle à Une Main :
1) Le Sabre-Gươm à Deux-Mains :
Il s'agit-là de l'Epée à Lame Courbe (appelée Katana), que les Japonais ont élevée au plus haut degré de perfection dans la forge de l'Epée, comparable à celle de la Période des la Dynastie des ĐƯỜNG (TANG618~907 JC).
« Sabre-Katana » Japonais à Deux Mains
Epoque YOSHINO - 14e siècle
« Sabre-Gươm à Deux Mains »
ĐẠI-VIẸT - 18e~19e siècles.
(Tín-dụng Ảnh : Nguyễn Ngọc Phưong-Đông)
« Sabre-Gươm à Deux-Mains »
Đại-Việt - 18e~19e siècles.
Garde Impériale tenant le « Sabre-Gươm à Deux-Mains »
Dynastie NGUYỄN (1802-1945)
2) Le Sabre-Gươm à Une-Main :
Il s'agit-là de l'Epée à Lame Courbe la plus utilisée dans le monde, et elle est encore appelée par « Đao » en Chine et par « Sabre » en Europe.
« Sabre-Gươm à Une-Main »
Đại-Việt - 18e~19e siècles.
(Crédit Photo : Gavin Nugent, swordsantiqueweapons.com)
« Sabre-Gươm à Une-Main », avec Tranchant et Contre-Tranchant
Đại-Việt - 18e~19e siècles.
L'Escrime du Đại-Việt, comme d'ailleurs les Arts Martiaux Traditionnels de Bình-Định, se base sur le Principe de L'Elimination de la Prolixité au nom de l'Epuration (khứ vu tồn thanh) et de celui de L'Effacement de la Complication au nom de la Réalisation de la SImplicité (San Phồn Tựu Giản).
Elle a été forgée par les Anciens sur les champs de bataille afin de combattre la supériorité numérique d'après le Principe martial de « faire usage du Court pour vaincre ce qui est Long - utiliser la Souplesse pour dominer la Dureté ».
Par conséquent, l'Escrime traditionnelle de Bình-Định (Việt-Nam) ne fait appel qu'à 12 façons de manier l'Epée dans les champs de bataille :
01. Estoquer - Đâm - (Thích 刺) 02. Couper - Chém - (Khảm 砍), 03. Tailler - Vót - (Ngoan 刓), 04. Peler - Gọt - (Tước 削), (𠞡), 05. Limer - Giủa - (Thác 錯), 06. Lisser - Vuốt - (Loát 捋). 07. Echapper - Thoát - (Thoát 脫), 08. Elever - Nâng - (Đề 提), 09. Appuyer - Đè - (Bằng 憑), 10. Envelopper - Bọc - (Bao 包), 11. Renverser - Lật - (Đảo 倒), 12. Noyer - Dìm - (Trầm 湛). |
Avec ces 12 façons de manier l'Epée précitées ainsi que leur manière d'application spécifique des Arts Martiaux des Champs de Bataille des Vietnamiens, en vue de Vaincre la Rapidité par la Lenteur selon le Principe martial de « maîtriser l'Agitation par la Sérénité », l'Art de l'Epée du Đại-Việt cristallise l'« Epée en Attente - Trạm-Kiếm - 站 劍 » et l'« Epée en Mouvance - Hành-Kiếm - 行 劍 » en un seul Art de l'Epée, il s'agit đe l'« Epée en Action - Tác-Dụng Kiếm - 作 用 劍 ».
(À suivre...)
VÕ-TRẬN-ĐẠI-VIỆT |
Bibliographie
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Monde Ancien, Civilisation Orientale, Poème Lyrique, Inde - Rig Veda, Traduction de Alexandre Langlois, Imprimerie Paul Dupont, Rue Jean-Jacques Rousseau, Paris, 1870.
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Œuvre de Lie-Tzeu, dans Les Pères du Système Taoïste, Léon Wieger, Imprimerie de Hien-Hien, 1913, réédition Les Humanités d’Extrême-Orient, Cathasia, Les Belles Lettres, Paris, 1950.
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Lie Zi , Le Vrai Classique de la Vertu parfaite du Vide harmonieux, textes traduits et annotés par Fang Sheng, Librairie You-Feng, 2011, ISBN 978-2-84279-493-4, éd. bilingue chinois-français
-
Traité du Vide Parfait, traduit du Chinois par Jean-Jacques Lafitte, Albin Michel, Paris, 1997, ISBN 2226094261 (réédition août 2009, collection Spiritualités vivantes ISBN 978-2-226-09426-1).
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Le Vrai Classique du Vide Parfait, Benedykt Grynpas, Collection Connaissance de l'Orient, format poche (No 36), série chinoise (1961), Gallimard (plusieurs rééditions dont Gallimard, Folio n° 548, 2011, ISBN 978-2-07-044135-8)
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Lie Zi, Les Fables de Maître Lie, traduction par Jean Levi, Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances, 2014.
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